• Les Ailes du désir – 14 décembre à 23h

    Proposition d’analyse

    Deux anges, Damiel et Cassiel, contemplent les hommes du haut du ciel berlinois. Éternels, ces deux êtres ne connaissent ni le froid, ni la faim, ni l’amour, mais une compassion détachée pour ces hommes trop souvent malheureux. Parce qu’ils sont invisibles, Damiel et Cassiel se mêlent à eux, lisent leurs pensées et tentent de les aider à leur manière, de les détourner de certaines idées noires. Chose inouïe, l’un d’entre eux tombe amoureux.
    Dans un résumé factuel, Les Ailes du désir semble comme un conte relativement simple, une histoire d’amour impossible impliquant des êtres surnaturels bienveillants (le sujet du personnage divin souhaitant retrouver son humanité est d’ailleurs celui d’une nouvelle de Buzzati, « La Chute du saint »). Pourtant, le traitement qui en est fait par Wenders est considérablement plus profond (voire impénétrable) – le film est une évocation à la fois poétique et intellectuelle, explorant non pas des protagonistes identifiables mais des idées, une galerie de pensées qui se bousculent. Comme son titre d’origine, Der Himmel über Berlin, le suggère, c’est surtout l’histoire d’une ville entière et de ses occupants, vus comme un tout. Plus encore, le récit se veut une reproduction abstraite de son époque et d’un Berlin des années 80 bien réel (dans cette mesure on peut le mettre en parallèle avec le Possession de Zulawski, qui entreprend d’explorer le même environnement, cette fois à travers le prisme de l’épouvante) – le rapprochement avec le monde réel étant poussé jusqu’au bout avec l’intervention de Peter Falk en guest star dans son propre rôle. Cela achève de brouiller les pistes entre l’atmosphère onirique teintée de poésie qui hante la majorité du film, et ces instants de réalisme terre-à-terre, qui finissent par s’installer définitivement lors des derniers basculements en couleur.