• Le Dirigeable volé de Karel Zeman (18 décembre)

    Comme d’habitude, l’entrée coûte 4 euros, 3 pour les membres du COF et vous avez la possibilité d’acheter des cartes de 10 places pour respectivement 30 et 20 euros. L’entrée est gratuite pour les étudiant.e.s invité.e.s.

    Et pour résumer :

    Rendez-vous le mercredi 18 décembre 2019, 20h30
    en salle Dussane, au 45 rue d’Ulmpour voir et revoir
    Le Dirigeable volé
    de Karel Zeman

     

    Proposition d’analyse

    À Prague, au tournant entre le XIXe et le XXe siècle, cinq chenapans s’envolent vers d’autres cieux sur un mystérieux dirigeable, œuvre du Professeur Findeys, fonctionnant grâce à un nouveau gaz ininflammable. Le gouvernement, les journalistes et les espions font foules pour découvrir le sort de l’invention et des enfants.
    Film hybride où le décor rappelle ou utilise directement l’animation, Le Dirigeable volé surprend même le spectateur le moins observateur, le plus insoucieux de technique par le mélange entre des acteurs bien réels et différents éléments qui semblent des gravures animées. Karel Zeman, initiateur et à peu près seul utilisateur de cette technique, ne cherche pas à fondre l’effet spécial, mais va plutôt le faire cohabiter, comme élément hétérogène rapidement accepté comme tel par le spectateur avec ses prises de vue. Si ces films — donc entre autres, Le Dirigeable volé — rappellent un cinéma bien plus ancien (Zeman est surnommé affectueusement le Méliès Tchèque), remarquons que le langage cinématographique employé est moderne : coupes fréquentes dans une même scène, valeurs de plan variables, travellings. La juxtaposition d’effets et trucages clairement visibles les rend finalement plus remarquables et féériques que s’ils étaient soigneusement glissés dans l’arrière-plan. Car Le Dirigeable volé doit résoudre un problème plutôt ardu : comment adapter un roman d’anticipation datant du siècle passé ?

    Bien que Le Dirigeable volé n’en soit pas une adaptation fidèle, le film a pour origine plusieurs livres de Jules Vernes (Cinq semaines en ballon, Deux ans de vacances et L’Île mystérieuse). L’esthétique du progrès technique qui forme un des plaisirs de la lecture des romans de Jules Verne est reprise dans ce film. Au fond, il n’est pas tellement plus étrange d’être émerveillé par un livre nous parlant d’un possible tour du monde en moins de trois mois, à une époque où on peut l’effectuer en moins de trois jours que de l’être par un film, réalisé deux ans avant qu’on ne marche sur la lune, qui parle d’une nouvelle technologie de dirigeable et où les espions épient les conversations en volant sur une bicyclette-planeur. En convoquant l’univers visuel du temps de Jules Verne — l’image jaune-orangé comme une illustration vieillie sur un méchant papier, le dessin d’engins invraisemblables, les décors tirés des illustrations des éditions Hetzel des romans de Jules Verne, la gravure — le film peut espérer restituer un certain esprit de ce temps et redonner du goût aux éléments narratifs qui le peuplent — un espion affublé d’une belle moustache et se cachant sous son journal, un train filant sur un viaduc, un dirigeable parcourant le monde. L’univers hétérogène du Dirigeable volé, entre gravure animée et photographie animée, est donc plus rêvé que réalisé et permet ainsi de renouveler l’intérêt pour l’invention, rend tous les plans de machine à nouveau envisageable — que ce soit l’hypothétique bicyclette volante ou ce qui deviendra le sous-marin.
    Pour finir l’année et souhaiter à tous de plaisantes fêtes, le ciné-club vous propose un drôle de film d’aventures qui, nous le souhaitons, tirera de notre audience plus d’un sourire enjoué — un film où tout est à nouveau possible, voguer en ballon à travers le monde et sur l’océan, rencontrer le capitaine Nemo, jouer des tours à des pirates, épier des conversations comme l’espion en chapeau melon. Un film où l’imagination est stimulée par tant de visions improbables et qui vous fera peut-être à nouveau rêver.
    Antoine