Poulet aux prunes de Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud (mardi 24 avril 2018, 20h30)

Cette séance sera suivie d’une discussion avec Bamchade Pourvali, d’Iran ciné panorama.

Comme d’habitude, l’entrée coûte 4 euros, 3 pour les membres du COF et vous avez la possibilité d’acheter des cartes de 10 places pour respectivement 30 et 20 euros. L’entrée est gratuite pour les étudiant.e.s invité.e.s.

Et pour résumer :

Rendez-vous le mardi 24 avril 2018, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d’Ulm
pour voir et revoir
Poulet aux prunes
de Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud

Proposition d’analyse

Poulet aux prunes (2011) est le second long métrage du duo de dessinateurs-réalisateurs Marjane Satrapi et Vincent Parronaud. Quatre ans après le succès de Persepolis (2007), prix du Jury au 60ème Festival de Cannes, cette deuxième réalisation s’inspire de la bande dessinée éponyme de Marjane Satrapi publiée aux éditions de l’Association en 2004 et prix du meilleur album à Angoulême en 2005.
Pas plus que pour Persepolis, les deux cinéastes ne se contentent d’une simple transposition du livre à l’écran. En effet, dans ce nouvel opus, au noir et blanc a succédé la couleur et au dessin des acteurs en chair et en sang.
« Ieki bud, ieki nabud » (« Il y avait quelqu’un, il n’y avait personne »). C’est avec la formule rituelle qui ouvre les contes persans, prononcée par Azraël (Edourad Baer), l’Ange de la mort, que commence le film. C’est à lui que revient la tâche du narrateur de ce récit aux nombreuses ramifications.
L’action se situe à Téhéran en 1958 et suit l’histoire de Nasser Ali (Matthieu Amalric), un des plus célèbres musiciens de son époque, qui a perdu le goût de vivre et attend la mort. Les différentes étapes de son existence nous sont présentées en même temps que l’avenir de ses enfants, Lili et Cyrus.
Avec une joie communicative, le film nous entraîne dans un tourbillon narratif pour nous révéler progressivement le secret de l’art de musicien : son amour impossible pour une jeune femme prénommée Irâne (Golshifteh Farahani). Si le film met en scène des acteurs en prise de vue réelle, le générique ainsi qu’un intermède renvoient à l’animation. D’autres procédés apparaîtront au cours du film comme la vue diapositive ou la parodie de sitcom.
Avec pudeur, l’histoire se développe au son d’une partition où le violon traduit les mouvements de l’âme comme pour animer un monde aux couleurs fanées. Ce sera la destruction de ce violon par Faranguisse (Maria de Meideros), l’épouse malheureuse de Nasser Ali, qui entraînera la décision de l’artiste d’attendre la mort.
Si Persepolis évoque l’exil de Marji après la Révolution de 79, Poulet aux prunes évoque l’exil intérieur de Nasser Ali dans son pays au cours des années 50, quelques années après le coup d’Etat du 19 août 1953 qui renversa le gouvernement démocratique du premier ministre Mohammad Mossadegh. Les deux films se terminent sur un même mot : Iran/Irâne.
Tourné en studio à Babelsberg, ce conte oriental au charme entêtant possède des qualités picturales évidentes. Aux acteurs déjà cités, s’ajoutent dans des rôles marquants Isabella Rossellini, Chiara Mastroianni, Jamel Debbouze, Eric Caravaca et Serge Avédikian.

Bamchade Pourvali est docteur en cinéma. Il dirige le site « Iran ciné panorama » (www.irancinepanorama.fr).


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